On écouta Barnabé et Paul exposer tous les signes et les prodiges que Dieu avait accomplis
Actes 15:12
Le quartier Saint-Barnabé doit son nom à Barnabé Capelle, notaire marseillais au XVe siècle, qui avait acheté des terres dans le futur village. Il finance l’édification d’une chapelle au lieu-dut Fond des Paillards et fait don d’un retable.
L’accès ouest à Saint-Barnabé est marquée par une patte d’oie qui sépare la rue Montaigne de la rue Saint-Julien, au lieu-dit la Croix. Un calvaire est toujours présent, adossé à la façade qui sépare les deux rues. Il est masqué par un monument aux morts. Cette opposition des temps et des styles prépare à l’ambiance de la place Caire qui accueille l’église, des restaurants et une station de métro. Son réaménagement est récent, blond comme la pierre, comme trop propre, avec des espaces et des fonctions bien délimités. Dans l’axe de la rue Montaigne à vocation commerciale, on aperçoit l’église qui fait face au bar du terminus*.
Les propriétés rurales qui entouraient le village de Saint-Barnabé ont peu à peu cédé la place à des villas, modestes et parfois cossues, puis à des cités plus populaires, avec un maillage urbain désordonné. Au-delà de la place Caire, le boulevard Gassenti conduit vers la L2, axe de contournement rapide de la ville, au terminus du métro et à la Fourragère, quartier voisin. Un sentiment brutal s’impose au sortir du village calme et intime, avec cette confrontation à la circulation bruyante, à l’espace ouvert et aux autobus de la gare de liaison.
L’église construite en 1846 combine les styles néo-classique et néo-roman. Son architecte, Pascal Coste, après son retour d’Égypte est devenu un acteur important de l’effervescence marseillaise, en réponse à l’expansion démographique et urbaine de la ville**. Il construit les églises*** comme des bâtiments civils. Le Palais de la Bourse est considéré comme son œuvre majeure.
Le clocher et la façade de l’église sont réalisés en 1897. La façade est ornée des statues de Saint Barnabé au centre, Saint Pierre et Saint Jules, du nom des frères Caire, savonniers au Rouet et donateurs pour l’édification du clocher.
Paul Coste a longtemps enseigné à l’École d’architecture de Marseille. Joseph Letz, collaborateur d’Espérandieu**** s’est étonné : « Le voyageur-artiste… qui a contemplé les monuments superbes de l’Égypte et de la Perse… n’ait pas voulu entrer dans une voie nouvelle. .. il se renferma dans la tradition classique. … le moment de la rénovation architecturale n’était point venu pour Marseille. »
Sans doute trop occupée à conduire une extension urbaine sous une forme inédite*****, mal contrôlée cependant sous la pression des propriétaires cherchant à valoriser leur foncier, les forces à l’œuvre dans la ville****** ne pouvaient-elles pas, dans le même temps, penser qu’une innovation architecturale servirait leurs desseins.
L’intérieur de l’église Sait-Barnabé, cependant, porte le visiteur vers la disponibilité et la prière, par ses qualités de lumière et de couleur. Gabriel Joucla, auteur d’un e pieta exposée à la Major, réalise les trois bas-reliefs du porche de Saint-Barnabé
Penché à ma fenêtre, je vois le clocher de l’église Saint-Barnabé, à 3 kilomètres, au devant de la nef de Saint-Augustin-Beaumont, un kilomètre plus loin.
*En référence au terminus de l’ancien tramway de Marseille
** De 1800 à 1914, la population a été multipliée par cinq
**Saint-Joseph, Saint-Lazare ou Saint-Roch à Mazargues
*** Architecte de Notre-Dame-de-La Garde
****Par développement progressif de bastides et de villages et leur mise en réseau
*****Les autorités politiques, les forces économiques, l’Église…
A suivre…
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