La Bonne Mère, à jamais la plus belle
Eglise à Marseille, le mensuel du diocèse de Marseille.
La Vierge de Notre-Dame de la Garde ne fait pas seulement partie du paysage de Marseille, elle en est le cœur vivant , l’artère centrale. Elle appartient à la grande famille humaine de Marseille*.
Son histoire commence en 1214 par la création d’une chapelle alors que la colline appartenait à l’abbaye Saint-Victor, à l’initiative d’un prêtre marseillais, maître Pierre.
En 1516, François Ier se rend à la chapelle et, profitant de la vue, constate que la ville est mal défendue. Après le siège de 1523, le roi faitconstruire deux forts : l’un sur une île, le château d’If, l’autre au sommet de la Garde. La chapelle sera prise dans la fortification. Dès lors, dévotion et action militaire devront cohabiter. L’histoire militaire de la colline sera souvent celle d’affaires internes au territoire marseillais.
Charles Emmanuel, duc de Savoie, Charles de Casaulx, consul de Marseille et dictateur, ses opposants et assassins, les ligueurs pendant les guerres de religion, le comte d’Alais, gouverneur de Provence, qui veut réprimer la révolte marseillaise pendant la fronde, les canons qui bombardent la ville pendant la commune de Marseille en 1871, les troupes alliées et allemandes en 1944 chercheront à contrôler du sanctuaire.
En 1594, Casaulx envoie deux prêtres sur la colline. Après avoir dit la messe, le père Trabuc qui porte une cuirasse sous sa soutane, tue le capitaine du fort. Le consul peut prendre possession du fort.
Pendant la peste de 1720, Henri de Belsunce se rend par trois fois à pied à la chapelle pour bénir les habitants de la ville.
En 1793 les édifices religieux sont désaffectés et le culte cesse. La statue en argent de la Vierge de Notre-Dame de la Garde est fondue, et les objets de culte, les tableaux et des ex-voto sont vendus.
En 1793, Philippe Égalité, ses deux fils et sa sœur, la duchesse de Bourbon sont emprisonnés à Notre-Dame-de-la-Garde. Chaque jour, la duchesse, après avoir assisté à la messe, reste deux heures en contemplation sur la terrasse du fort.
La chapelle, devenue bien national, est louée par Joseph-Elie Escaramagne, ancien capitaine de navire. II a échappé de peu à la guillotine, ce qui l’a conduit vers une profonde dévotion pour la Vierge, vénérée par les marins marseillais ayant approché la mort. Escaramagne se donne pour mission de ranimer la vie religieuse du site. En 1807 la chapelle est rendue au culte.
L’ancien capitaine achète une statue en bois de la Vierge à l’enfant du XVIIIe siècle qui provenait du couvent de Picpus, démoli à la révolution, Le sceptre que tenait la Vierge a disparu. Il est remplacé par un bouquet de fleurs. La Vierge au bouquet est solennellement transportée sur le site par des hommes vêtus en pénitents, pieds nus.
En 1837 une nouvelle statue, financée par des dons, est bénie par Mgr Fortuné de Mazenod sur le cours Belsunce puis conduite vers le sommet de la colline de Notre-Dame de la Garde. Elle remplace la Vierge au bouquet, offerte à la chartreuse de Montrieux. La statue reviendra dans la crypte en 1979.
Pour construire l’actuel sanctuaire, une autorisation du ministre de la guerre reste nécessaire. Elle sera obtenue en 1852. L’édification de l’actuelle basilique peut débuter. Elle sera consacrée en 1864. Mondialement connu, le sanctuaire réalisé par Henri-Jacques Espérandieu, architecte et protestant, ne sera pas décrit ici.
En 1867, on construit sur le clocher carré un piédestal cylindrique destiné à recevoir une troisième statue de la Vierge, haute de 12 mètres. Une image définitive de Marseille est posée. Sa dorure nécessite 500 g d’or et sera refaite quatre fois.
La statue est consacrée en septembre 1870 alors que la France de Napoléon III vient de capituler face à la Prusse.
Considérée par certains comme le palladium** de la ville de Marseille, Notre-Dame de la Garde est depuis le moyen-âge la gardienne des marins*** et des pêcheurs avant de devenir la protectrice de tous les marseillais comme de ses 2 millions de visiteurs annuels****.
V
Depuis mes fenêtres, je dispose d’une belle vue sur le sanctuaire, privilège largement partagé dans la ville. Quand on est vu, on voit. Et inversement.
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*Selon le cardinal Etchegaray, ancien évêque de Marseille
** Statue sacrée de Pallas Athéné en armes
***La Vierge est la protectrice des marins. Elle est honorée ainsi dans tous les ports comme Lorient, Nantes…
****La dévotion des visiteurs, leurs prières, portent loin, vers leurs territoires d’origine, et certains rapportent qu’elles ont contribué à des guérisons
A suivre…
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