Les Grands-Carmes ou Notre-Dame du Mont-Carmel – Marseille

Quiconque mourra en portant cet habit ne souffrira pas le feu éternel.

Parole de Marie adressée à Saint Simon de Stock en lui remettant le scapulaire de l’ordre du Carmel.

Une église égarée

L’église des Grands-Carmes se trouve au sommet de la butte des Carmes, une des collines, avec Saint-Laurent et les Moulins, situées à l’intérieur des remparts hellénistiques. La trouée de la rue impériale, future rue de la république, l’a séparée de de ces hauteurs alors jointives. Peu accessible, le plus souvent fermée, elle apparait comme une église égarée, séparée de ses fidèles par la modernisation de la ville.

L’ordre mendiant du Mont-Carmel, chassé de Terre Sainte en 1238, s’installe à Marseille, hors de la ville, aux Aygalades. L’ermitage des Carmes, grotte troglodyte en lien avec cette implantation, presque inaccessible, reste visible depuis l’autoroute.

Depuis la place Sadi-Carnot – Googlestreet

En 1285 les moines s’établissent à l’intérieur de la ville, sur la butte, alors appelée Roquebarbe, pour se rapprocher des populations à évangéliser. Ils n’élèvent le clocher, financé par la confrérie de Notre-Dame du Saint Sépulcre et le baron Jehan de Marelha, qu’en 1640. Le noble marseillais voulait attacher son nom à cette église et il y fit édifier son tombeau.

La révolution fait démolir le couvent et ne conserve que l’église. Des prêtres jureurs assurent le service religieux. Le père Rolland, prieur, est pendu avec trois de se compagnons. Après avoir pris le vocable de Saint-Étienne, l’église sera consacrée à saint Lazare suite au transfert des reliques du saint en provenance de la Major. Elle reprend le nom des Grands-Carmes après le Concordat et le retour des reliques vers la Major.

La circulation des vocables

La distribution des vocables entre les églises de Marseille ressemble à celle d’un jeu de cartes plusieurs fois rebattu. Une église Saint-Étienne existait déjà au 7ème siècle sur le site de Notre-Dame-du-Mont alors que l’église de la Valbarelle s’appelle Saint-Étienne aujourd’hui. Le nom de Saint-Lazare est celui faubourg où sera construite en 1860 l’église Saint-Lazare actuelle. Les lazaristes y tenaient une léproserie mentionnée dès le 12ème siècle. Les vagues politiques anticléricales, les poussées expansionnistes de la ville et les interventions urbaines ont modelé la vie des églises comme celle des couvents. Des saints ont marqué la ville* et les dédicaces restent des signes de reconnaissance.

Un riche mobilier

L’église, sobre de l’extérieure, rarement ouverte au visiteur et au pèlerin, accueille un riche mobilier et de beaux tableaux. La rosace en façade surplombe une statue de la Vierge du Mont Carmel installée dans une niche. La statue d’origine inconnue est ancienne. Sous cette niche s’ouvre une porte prise dans un encadrement à bossage à la manière du milieu du 17ème siècle. Deux étroites fenêtres en arc brisé encadrent la rosace.

La nef unique en plein cintre dessert dix chapelles. Le maître autel de bois doré de 1733 a été sculpté par Antoine Duparc et Jean Gottlieb Courlaffski, artiste polonais.. Un grand ciborium avec des colonnes et des montants dorés a remplacé le baldaquin originel en 1874.

Albert Duparc, père d’Antoine Duparc, Antoine Duparc et Michel Serres ont réalisé les boiseries du choeur. et les huit toiles qu’elles encadraient, représentant le cycle de la vie de la Vierge. Considéré au 18ème siècle comme une des curiosités de Marseille, cet ensemble illustre la richesse de la collaboration entre Serre et Duparc**. Malheureusement, révolutions et bombardements ont dispersé et détruit pour partie leur travail. Quelques stalles et boiseries, et des tableaux de Michel Serre ont retrouvé le chevet de l’église. Le musée du Vieux Marseille accueille le reste de ce qui a survécu.

L’église accueille 28 objets classés.

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Si un homme possède cent brebis et que l’une d’entre elles s’égare, ne va-t-il pas laisser les 99 autres dans la montagne
pour partir à la recherche de la brebis égarée
?

Mathieu 15

Notes

*Le vocable de saint Férréol voyagera autant que celui de saint Lazare, légendaire évêque de la ville. D »autres évêques de Marseille on donné leur nom à des églises, comme Théodore ou Mauront. D’autres dédicaces à des saints marseillais : Victor, le plus célèbre, Cassien, fondateur de l’abbaye

**Ces stalles et leurs tableaux ont d’ailleurs été présentés au palais des Arts lors de l’Exposition coloniale de Marseille tenue au Parc Chanot en 1922


De ma fenêtre, dans l’axe de la Major, on voit le clocher, carré à sa base puis octogonal. Cette curiosité résulte d’une transformation suite à l’effondrement, en 1897, de sa partie supérieure et du dôme du chœur.

A suivre…


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