Saint-Martin, église disparue de Marseille

Seigneur, si je suis encore nécessaire à ton peuple, je ne refuse pas la tâche, que ta volonté soit faite.

Ultime parole prêtée à Saint Martin

Une présence ancienne

Saint-Martin, une des 5 églises paroissiales de Marseille au moyen-âge, remonte au 11ème siècle. Sa mention dans le cartulaire de Saint-Victor en atteste. Les dons de Barthélemy Reynaud homme de basse naissance, mais très riche et très charitable*, permettront son agrandissement au début du 16ème siècle.

Le percement de la rue Colbert, reliant les vieux quartiers à la rue de la République puis au port de la Joliette, conduira à sa démolition en 1887, malgré de nombreuses protestions. L’église se situait à l’angle de la rue Colbert et de l’actuelle rue de la fontaine d’Arménie.

Le musée d’histoire de Marseille accueille quelques beaux vestiges sculptés de l’église dont une mandorle** d’Antoine Duparc, sculpteur du 18ème siècle. Au centre de cet ensemble qui soutenait la Croix de l’autel principal, se trouvait le tabernacle. Des anges à genoux expriment une profonde piété alors que deux autres, emplis de grâce divine, levaient la Croix.

Un clocher massif et carré est édifié au tournant du 17ème siècle.

Et voilà qu’il y eut un grand tremblement de terre ; l’ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus.

Mathieu 28, 2

Saint Martin présent dans la ville

La rue Neuve Saint-Martin, parallèle à l’avenue Colbert, porte dans la ville le souvenir de l’église Saint-Martin. Elle prolonge ainsi la vie du saint militaire, non violent, soucieux de christianiser les campagnes et symbole du partage.

Le prolongement de la rue Neuve Saint-Martin, la rue du Colonel Jean-Batiste Pétré***, conduit vers Saint-Cannat. Un siècle sépare la vie de saint Cannat de celle de saint Martin. Tous deux furent ermite puis évêque. Ils ne consentirent à cette charge qu’après avoir refusé.

En 371, les habitants de Tours enlèvent Martin dans son ermitage et le proclament évêque. Il se soumet, reconnaissant dans cet acte la volonté divine.

Pour appuyer son refus, Cannat déclare aux marseillais qu’il a autant de raisons de devenir évêque que sa canne de roseau séché de reverdir. Puis la canne reverdit et il accepte la charge.

Le meurtre d’un chanoine et ensuite

En 1592, Saint-Martin a été le théâtre du meurtre d’un chanoine. Un autre chanoine de la paroisse, Henri de Brancolis, aurait convoité un prieuré appartenant à la victime. Reconnu coupable, il convenait de le dégrader de sa fonction ecclésiastique. avant de l’exécuter. L’évêque de Marseille, détesté par la population et craignant pour sa personne, refusa de venir dans la ville. L’évêque de Cavaillon accepte de procéder à cette dégradation. Brancolis soumis à la torture du chevalet, aura la main droite tranchée avant d’être brûlé vif sur le parvis de l’église. On pendra son complice, le vicaire Boyer.

Le quartier d’Arenc accueille une seconde église Saint Martin bâtie en 1913 par Théodore Dupoux, architecte du Sacré-Coeur, au sud de la ville. Elle répondait à de nouveaux besoins pastoraux associés au développements du port vers le nord. Depuis sa fermeture en 1977, en raison d’un risque d’effondrement, puis son rachat par le conseil départemental, elle attend réhabilitation et transformation. La bâtiment se situe dans le périmètre du grand projet Euroméditerranée.

Notes

*Augustin Fabre, Les rues de Marseille, édition Camoin

**Sculpture en forme d’ovale ou d’amande dans laquelle s’inscrivent des représentations sacrése

***Responsable de l’Armée Secrète en Provence avant son arrestation en 1943

****Saint Jacques est dédicataire d’autre église disparue de Marseille


Depuis ma fenêtre,j’ai repéré l’emplacement de Saint-Martin.

A suivre…


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