Saint-Jean Baptiste, Marseille

Voix de celui qui crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.
Matthieu 3, 3

Une poussée de la ville vers le sud-est

Comment accompagner spirituellement une extension urbaine hâtive ? L’église Saint-Jean-Baptiste de Marseille a offert une réponse originale à cette question courante au grand siècle de croissance, le 19ème. Ici vers le sud-est de Marseille. Le territoire de la future paroisse glisse en quelques années d’une dominante rurale à une structure urbaine mixte et de plus en plus dense. Sa population passe de 7000 à 18000 habitants en 25 ans.

Dans le secteur, Bernard Gouffé de Lacour, naturaliste et directeur du jardin botanique, avait dès le début du siècle loti sa propriété familiale autour d’une large voie bientôt baptisée à son nom. Le site accueillera le village des Mamelouks, soldats orientaux de toutes nationalités, ramenés d’Égypte par Bonaparte*.

On rejoignait ce territoire en suivant des axes de desserte dirigés vers le sud-est comme le vieux chemin de Rome ou le grand chemin de Toulon. Gouffé avait réalisé un premier jardin de naturalisation dans ses propriétés qui allaient plus tard devenir le point d’appui pour une rapide poussée de la ville vers l’est.

D’autres ensembles fonciers, souvent résidences de campagne de bourgeois marseillais, avec leurs bastides, seront lotis à leur tour, jusqu’à former un ensemble urbanisé.

L’Église accompagne l’expansion de la ville

En 1841, les habitants du secteur réclament au curé de Saint-Joseph, paroisse nouvelle à laquelle ils sont rattachés, un service religieux détaché. Celui-ci sera organisé dans une maison occupée par les Carmélites, au 7 cours Gouffé**.

Ce petit oratoire se révèle rapidement insuffisant et Alexandre Ferrari, propriétaire foncier met à disposition un local qui devient la chapelle Saint-Alexandre, avec un vicaire dédié, affecté à un large périmètre. En souvenir de ce bienfaiteur, l’église Saint-Jean-Baptiste accueille toujours une statue de saint Alexandre.

La transformation d’une bastide

Puis Monseigneur Eugène de Mazenod décide de consolider la paroisse par la construction d’une église. En 1851, il acquiert un terrain issu d’un lotissement*** alors que la population poursuit son expansion. Ce propriété comprend une bastide de deux étages, construite 50 ans auparavant, avec des dépendances qui avaient servi pour la fabrication de noir d’ivoire.

Une transformation de la bastide lui donnera l’aspect intérieur d’une église :avec le retrait du plancher du 1er étage, l’érection de 4 piliers avec arceaux pour soutenir le 2ème étage et l’ouverture d’une abside dans le mur à l’est.

Un pavillon de bois érigé sur le toit accueille une cloche de 500 kilos. Le niveau supérieur de la bastide servira de presbytère.

L’intérieur est peint à la chaux. Le mobilier en bois du nord provient pour l’essentiel de la chapelle Saint-Alexandre.

Après quelques années, un clocher de pierre carré, collé à l’édifice, remplace la structure en bois. Il accueille 4 nouvelles cloches. Le poids du pavillon mettait en péril l’édifice. Le nouveau clocher de rappelle ceux de Saint-François d’Assise, de 1967, et de Saint-Lazare.

Le clocher devait se terminer par une flèche afin d’accueillir une horloge publique. Par manque de moyens, il restera inachevé. On n’aperçoit pas le clocher depuis la rue de Friedland par laquelle on accède à l’église. Pour le voir, il faut se rendre rue d’Eylau****.

L'église Saint-Jean-Baptiste, une ancienne bastide

Une décoration subtile

La finesse spirituelle du sanctuaire capte et retourne dès qu’on y entre. Elle est comme ciselée, tant par la lumière à la fois artificielle et naturelle, que par la mise en scène des œuvres et du mobilier. La valeur patrimoniale ne fait pas la portée spirituelle : ici, la simplicité des statues transcende le geste de leur création au service du Seigneur du lieu*****.

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Une visite en temps de Noël

Constituit cum aquam sparsionis vente benedici dans habitaculis hominum (Il a établi avec le souffle du vent la bénédiction des habitations des hommes)
Monseigneur Louis Duchesne à propos de Saint-Alexandre de Rome à qui est prêtée l’institution de l’eau bénite

Notes

*Il sera le théâtre d’un épisode connu sous le nom de massacre des Mamelouks

**Dans l’attente de la construction de leur monastère à proximité du futur parc Longchamp

***Plusieurs de ces propriétés étaient issues de bien nationaux. Le terrain de Saint-Jean-Baptiste avait appartenu avant la Révolution, aux Frères Prêcheurs

****Autant de batailles auxquelles ont participé les Mamelouks. On retrouve aussi à proximité du cours Gouffé une rue d’Austerlitz, une rue de Rivoli et la longue rue de Lodi.

****Pour cela, m’a-t-on dit dans l’église, le rôle du Père Christophe Roucole, curé de la paroisse, est essentiel


De ma fenêtre, je ne peux pas voir le quartier et son église, masqués par la Plaine.

A suivre…


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