Saint-Victor – L’abbaye de la rive gauche du port, Marseille

Je ne sacrifierai pas ; cela est dû au Créateur, non à une créature.

Saint Victor de Marseille, officier dans la légion thébaine, martyr.

De l’abbaye Saint-Victor, lieu de piété, de légende et d’histoire, d’architecture et de souvenir, ne subsistent que les deux églises médiévales superposées*. Très riche et puissante l’abbaye Saint-Victor fut pendant des siècles un des hauts lieux du christianisme. Elle a été vendue à la révolution, à l’exception des sanctuaires.

L’abbaye Saint-Victor – rive gauche du port, Marseille

Sa fondation remonte au 5ème siècle. Comme un point fixe pour une histoire urbaine et sociale oublieuse, elle est un des rares monuments marseillais rescapés du Moyen-âge. Elle porte encore des rites et des pratiques d’un ancrage ancien.

Une combinaison d’architectures militaire et religieuses raconte dix-sept siècles d’imbrication de pouvoirs temporels et spirituels. Avec ses tours carrées et crénelées qui semblent avoir été l’objet d’interventions récentes**, l’histoire urbaine et spirituelle de Saint-Victor est si riche qu’elle appellera un nombre important d’articles, plus grand que pour tout autre sanctuaire. L’une des dernières intervention concerne l’installation de vitraux de Max Ingrand*****, en remplacement de ceux détruits en 1944.

Depuis mon balcon, on peut voir la tour d’Isarn, du nom de l’abbé qui la fit ériger au 11ème siècle. Elle parait collée à l’une des tours Labourdette et couronnée d’un toit qui se situe à l’arrière.

L’abbaye Saint-Victor – rive gauche du port, Marseille

L’église inférieure est l’un des plus importants sanctuaires paléochrétiens de Gaule. Son état de conservation en élévation en permet la visite comme s’il s’agissait d’un édifice comme un autre. Avec pour différence, une impossible vue extérieure, l’évolution urbaine et l’édification de l’abbatiale en ayant fait un sanctuaire souterrain.

Un troisième masque couvre la réalité historique, urbaine et spirituelle de Saint-Victor, ouvrant des voies fécondes pour l’imaginaire et la méditation : la venue de Saint Lazare à Marseille, après qu’il ait débarqué aux Saintes-Marie avec ses sœurs Marie-Madeleine et Marthe, accompagnés des évangélisateurs de la Gaule. Premier évêque de Marseille, ses reliques*** sont placées dans la chapelle latérale droite de la nouvelle Major alors que l’autel éponyme en marbre de Carrare sculpté au 15ème siècle par Francesco Laurana. magnifie ce qu’il reste de l’ancienne Major. Ce dernier sanctuaire est fermé à la visite.

A la chandeleur, une octave rassemble à Saint-Victor, entre ferveur et tradition, les différents corps de métiers marseillais et les communautés linguistiques. Les navettes**** du Four des Navettes sont bénies au terme d’une procession qui est partie du vieux-port.

*Le site de l’abbaye a servi sert à l’époque grecque et romaine de lieu de sépultures s’étendant sur une zone assez vaste. Le nom de la rue Sainte conserve le souvenir de cette implantation

**« Saint-Victor qui pourrait être la plus vénérable basilique de France si Viollet-le-Duc n’était pas passé par là… a écrit par erreur Blaise Cendrars. »

*** Il s’agit en fait d’une partie des reliques de Saint Lazare d’Aix, évêque du 5ème siècle dont le reste des reliques est conservée dans la cathédrale d’Autun.

**** Biscuits en forme de barque qui, une fois bénis, sont achetés par les pèlerins

*****Il a réalisé également les vitraux de l’église Saint-Georges aux Catalans

L’abbaye Saint-Victor – rive gauche du port, Marseille

A suivre…


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