Les reliques de Saint Lazare dans la chapelle latérale droite de la Major
Une cathédrale vue du large
Sainte-Marie-Majeure est la première cathédrale édifiée en France depuis 200 ans. Les marseillais l’appellent la Major. Réalisée à partir du milieu du 19ème siècle, elle prend acte de l’importante expansion de la ville depuis le début du siècle. Elle peut accueillir 3000 fidèles. Sa construction accompagne le déplacement de l’activité portuaire vers la Joliette. Située sur la falaise, elle donne à voir de loin la puissance et la beauté de Marseille aux voyageurs arrivant du monde entier.
c
Fait de lignes de pierres vertes et blanches, le sanctuaire associe les éléments d’inspiration byzantine (mosaïques, coupoles) avec d’autres, romans ou gothiques. Son chantier est novateur, comme le sont les bâtiments publics du siècle. Trois architectes se succèderont*. Deux d’entre-eux décéderont pendant sa réalisation, de 1852 à 1893.
Une histoire longue
C
Quatrième cathédrale établie sur le site, elle est perpendiculaire à la troisième, la vieille Major. On en a conservé le cœur et une travée. La première cathédrale, construite au 5ème siècle aux limites des remparts, comprenait le plus grand baptistère des Gaules (22 mètres). Il était connu jusqu’au 12ème siècle comme église Saint-Jean-Baptiste.
Les chrétiens marseillais ont abandonné cette première cathédrale après le repli de la ville vers la colline de Saint-Laurent, à la suite des multiples invasions qu’a connues la Provence**.
Une nouvelle façade a fermé la vieille Major après sa démolition partielle. Elle intègre la rosace de l’église Saint-Martin, détruite lors de la percée de la rue Colbert. Les protestations de la Société française d’archéologie et l’opinion populaire ont permis la conservation partielle de ‘ancienne cathédrale. La rosace est masquée de l’extérieur.
C
Cette circulation des mémoires architecturales et la perte partielle du passé, marques de la ville, auront renforcé le grand caractère spirituel de Marseille. Il mêle solennité, foi sincère et ferveur populaire, parfois proche de la superstition. Intérêts commerciaux et affirmation d’une fierté solidement ancrée dans le temps participent de ce mouvement. Contempler la Major c’est le percevoir.
C
La statue sur le parvis montre Monseigneur de Belsunce***, héros de la peste de 1720 et archevêque de Marseille, les mains tournées vers les malades. Il allait donner son nom à un nouveau quartier de la ville. En 1747, il consacra l’église Notre-Dame Saint-Eutrope à Méounes-les-Montrieux.
Dieu par sa miséricorde préserve votre ville, monseigneur, du terrible fléau qui nous accable et qui a passé à Vitrolles.
Monseigneur de Belsunce
Un ensemble architectural exceptionnel
Le plan en croix latine est conçu par Léon Vaudoyer dans le style romano-byzantin. La présence simultanée de clochers et de coupoles est due à la volonté de l’architecte de se référer à l’Occident et à l’Orient. Les dômes et ses coupoles rappellent ceux des églises de ‘Constantinople.
Organisée en édifice tripartite composé d’un portique monumental encadré de deux tours, d’une nef imposante et d’un massif qui rassemble les sanctuaires, la cathédrale forme un ensemble architectural exceptionnel, sans équivalent dans le siècle.
Trois énormes travées constituent la nef principale. L’élévation est rythmée par des colonnes de marbre. Bâties sur des piles où la pierre et le marbre alternent leurs tons rouge et ocre clair, elles sont éclairées par groupe de trois fenêtres cintrées aux vitraux à décor non figuratif.
Les nefs latérales, percées dans l’épaisseur des piles, portent des tribunes reposant sur des colonnes monolithes en porphyre à chapiteaux de marbre sculptés de feuillage. Le pavement en mosaïque multicolore de l’école vénitienne propose des dessins d’une remarquable originalité de ses dessins. On retrouve, dans la troisième travée, Véronique essuyant la face de Jésus tombé à terre d’Auguste Carli représentant, œuvre remarquable et encensée.
Je ne poursuivrai pas la description de la Major.**** Je cherche ici, surtout, à mettre en valeur ce qui participe du tissage spirituel et urbain de la ville.
Tisser la ville
Auguste Carli, comme Louis Bonitelly, a participé à la réalisation de l’escalier de la gare Seint-Charles. Je vois de mes fenêtres. Louis Bonitelly a sculpté les 4 évangélistes monumentaux du transept de la Major. comme Le Christ d’après le Saint Suaire de Turin des Réformés.
Jules Cantini a fait don du maître-autel en marbre de Carrare. Il a réalisé les maîtres-autel de Saint-Joseph et des Réformés. Celui de la Major, abrité sous un ciborium au dôme de bronze soutenu par quatre colonnes d’onyx de Tunis, accueille des mosaïques d’Henri Antoine Révoil. Ce dernier achèvera les décors de Notre-Dame-de-la-Garde. A l’intérieur du porche on retrouve les premiers évêques de Marseille : saint Cannat, Urbain V, pape, saint Victor, saint Mauront, saint Sérénus, saint Théodore.
L’évêque Charles Place a décidé de l’attribution des 7 statues de l’extérieur du poche, dont Marie-Madeleine par André Allard. Il y a eu cependant Le sculpeur a marqué le développement de la ville par des interventions place Castellane, en collaboration avec Jules Caintini, et place Estrangin-Pastré. Sa vie, ses rapports à Marseille et à ses officiels, est une fenêtre sur Marseille au 19ème siècle, ses institutions civiles, bourgeoises et religieuses. Un angle de vue vers ce siècle de la construction des églises phocéennes. Vers ce siècle aussi qui a enrichi la ville par l’industrie et les colonies. Les colonies mises en images de si belle manière par les ensembles sculptés de l’escalier de la gare Saint-Charles.
Les statues du porche***** ont autant été réalisées par des sculpteurs marseillais, provençaux, que bénéficiant d’une réputation nationale. Sainte Marthe d’Émilien Cabuchet reste l’une des plus remarquable. Cabuchet en tirera une réduction en bronze de la statue, reproduite en plusieurs exemplaires.
18 siècles
18 siècles séparent la vie du 1er et du dernier saint évêque marseillais. La Major accueille les reliques de Lazare, l’évangélisateur légendaire de Marseille, dans la chapelle eponyme. La statue du saint en carton-pierre provient des ateliers d’Honoré Coder. Des statues d’Honoré Coder se trouvent dans plusiers églises de Marseille, comme Saint-Cannat. Deux toiles de Dominique Papety, influencé par ses voyages au Mont-Athos, décorent la chapelle dédiée à saint Eugène de Mazenod et où se trouve son tombeau : la Sainte Famille en marche et sainte Philomène. Ce grand peintre né à Marseille, admiré d’Ingres, son maître, à la carrirèe bien engagée, est mort du choléra à 34 ans. Le Sacré-Coeur, Christ bénissant avec la main posé sur le cœur et entouré d’angelots, est accroché dans une chapelle de Notre-Dame-Du-Mont. Gabriel Joucla, auteur d’une Piéta en plâtre, a réalisé plusieurs statues et bas-reliefs pour l’église Saint-Barnabe.
C
Notes
*Léon Vaudoyer meurt en 1872. Jacques Henri Esperandieu, son élève et collaborateur, protestant nimois,, lui succèdes. Il meurt en 1874. Henri Antoine Révoi achève la construction
**Au 10ème siècle, l’enceinte de la ville est relevée. La construction de la deuxième cathédrale, sous l’épiscopat de Pons Ier, s’achève dans la deuxième moitié du siècle. Cette église du 11ème siècle a été remplacée un siècle plus tard par la vieille Major
***La statue le représentet les mains vides, paumes tournées vers le ciel, d’où l’emploi de l’expression Arriver comme Belsunce quand on se rend à une invitation les mains vides
****Le web en propose plusieurs, ou l’application proposée à la Major
*****7 à l’extérrieur et les 6 évêques à l’intérieur
C
De ma fenêtre, les dômes et clochers de la Major se détachent sur la mer et le ciel, confondus avec le clochers des Carmes et le dôme de la Vieille-Charité.
C
A suivre …
N
Laisser un commentaire