Une très ancienne église paroissiale
Vers l’an 1200, Marseille retrouve une stabilité économique et politique. L’évêque Benoit d’Alignan entreprend la construction de l’église Saint-Laurent sur la butte du même nom (aujourd’hui butte de la Tourette) dans l’enceinte de l’ancien château Babon. Pour sa construction, on ramène des des pierres de taille rose depuis le cap Couronne. Située à l’intérieur de l’enceinte médiévale, Saint Laurent devient la quatrième paroisse de Marseille avec la Major, l’Église des Accoules et Saint-Martin, démolie au 19ème siècle. Benoit d’Alignan la consacre en 1247. Il est l’évêque de la réconciliation entre les forces qui se partagent le territoire de la ville en devenir : l’abbaye Saint-Victor, les habitants de Marseille, un temps excommuniés*, et les grands féodaux.
b
Avec Saint Férréol et Saint Victor, l’église établit une forme de triangulation spirituelle autour du Vieux-Port. C’est sur le site de Saint-Victor qu’on retrouve les plus anciens signes de présence chrétienne à Marseille**.
A l’inverse, la découverte au pied de la butte d’un chapiteau ionique archaïque utilisé en réemploi, laisse supposer l’existence à proximité d’un sanctuaire païen, peut-être un temple d’Apollon.
b
Le don de la lumière
Deux transformations affecteront l’église au 17ème siècle. Au début du siècle, la réalisation d’un clocher octogonal qui nécessite une reprise de l’abside. On accède au clocher par un escalier hélicoïdal installé dans une tourelle. Puis, en 1668, une travée est supprimée à l’ouest pour permettre la construction du fort Saint-Jean. Les siècles pieux n’épargnent pas les sanctuaires au motif des transformations urbaines*. La porte principale qui se trouvait sur cette façade ouest rejoint alors le côté sud. Ces transformations auront forgé une silhouette unique pour une église devenue emblème.
La pierre de Cassis embellit l’intérieur comme elle a magnifié l’image de l’église perçue de l’esplanade, du Fort Saint-Jean ou même de Saint-Victor. Pénétrant dans le sanctuaire, le visiteur glisse du vif éclat méditerranéen à une ambiance calculée par la sagesse des hommes. Comme si un don de l’Esprit par la main de l’éclairagiste prolongeait celui qui a été remis par la nature.
.La chapelle Sainte-Catherine construite en 1604 pour les Pénitents Blanc, est collée à la nef de Saint-Laurent, comme placée sous son aile. Son lanterneau de verre attrape le soleil couchant et le renvoie vers l’œil du promeneur.
Tout ici, est don de Lumière.
De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux.
Mathieu 5:16
b
A l’image des trois sœurs cisterciennes, Thoronet, Sénanque et Silvacane, aucun décor sculpté n’encombre le sanctuaire. Il rayonne alors par sa statuaire et ses autels du 18ème siècle. Avec notamment une vierge en bois polychrome, une statue de saint Laurent en bois doré de la fin du 17ème siècle. La chapelle du baptistère est classée monument historique. Le baptistère lui-même a rejoint l’église de la Mission de France. Il remonte lui-aussi au17ème siècle.
Notes
*Pour s’être opposés à l’abbaye
**La crypte qui constitue un des très rares sanctuaires paléochrétiens intégralement conservés
**Saint-Ferréol perd une travée pour permettre la réalisation de la rue impériale, future rue de la république. Et quelques années plus tard on démolira l’église Saint-Martin pour creuser la rue Colbert
De ma fenêtre je vois le clocher de Saint-Lurent qui se découpe sur un bâtiment du Pharo, sur l’autre rive du port.
B
A suivre…
B
c
Laisser un commentaire