Saint-Paul-des-Champs et Saints-Gervais-et-Protais : les 5 monceaux de la rive droite, Paris, suite 1

À l’heure du déjeuner, un corbeau apporta une double ration de pain aux deux homme.
D’après la légende dorée

L’église Saint-Paul-des-Champs

Un pignon à l’angle de la rue Neuve-Saint-Pierre* et de la rue Saint-Paul porte les marques de l’ancienne église Saint-Paul-des-Champs, dédiée à saint Paul l’Ermite. Ces souvenirs sont pour partie masqués par un commerce. L’église avait remplacé la chapelle du cimetière des religieuses de Saint-Martial, déjà dédicacée à saint Paul. Le monastère lui-même, fondé par saint Eloi, se situait sur l’île de la Cité.

Le monceau** Saint-Paul a ainsi accueilli l’un des plus anciens sites chrétiens de Paris,

postérieur toutefois à Saint-Gervais. Les terres alentours détenues par l’abbaye Saint-Martial, forment la couture (culture) Saint-Éloi. Le domaine comprenait également une prison, présence qui signale le pouvoir judiciaire de l’abbaye. S’y est greffé un des premiers noyaux d’habitat de la rive droite.

Le cimetière deviendra celui de la paroisse Saint-Paul-des-Champs, accueillant des centaines de milliers de défunts du 7ème et le 18ème siècle. Il contribue à inscrire les vivants comme les morts dans le temps long de la ville. Les restes issus des sépultures sont aujourd’hui entassés dans les catacombes.

Plus tard, Saint-Paul s’est légèrement déplacée vers l’est. Après la révolution, une église jésuite, initialement dédicacée à saint Louis puis devenue paroissiale,, a repris le vocable. Les architectes jésuites Étienne Martellange et François Derand en avaient assuré la construction. Le sanctuaire jouxte l’ancienne maison professe des jésuites**, aujourd’hui lycée Charlemagne.

Un temps, à la révolution, le bâtiment est consacré au culte de la Raison***. Puis en 1802 l’église devenue paroissiale prend le vocable Saint-Paul-Saint-Louis. Elle conserve ainsi le souvenir de l’ancienne église Saint-Paul-des-Champs, détruite entre-temps.

Saints-Gervais et Protais, frères

Le plus ancien lieu de culte chrétien de la rive droite est une basilique du 4ème siècle., installée sur le monceau Saint-Gervais, au cœur d’un cimetière. Le testament d’Ermintrude, du 6ème siècle, en mentionne l’existence : Basilique saint Gervais, avec un anneau d’or, et mon nom écrit dessus . Plus tard, la butte accueillera la première paroisse de Paris après celle de la cathédrale sur l’île de la Cité.

Les saints jumeaux Gervais et Protais étaient très populaires à l’époque de la fondation du premier sanctuaire. Comme si le double des frères dans le martyr faisait multiplication par quatre de leur foi et de leurs vertus. La légende de leur tombeau retrouvé a renforcé cette popularité . En 386, Ambroise, évêque de Milan, eut par deux fois la vision des frères et du lieu de leur sépulcre. Un chrétien nommé Philippe les avait secrètement ensevelis sous sa maison après leur martyre. La seconde fois***** le saint homme vit les deux jeunes gens en compagnie de saint Paul. Ambroise les fit exhumer puis transféra les dépouilles dans la basilique de la ville, dédiée par la suite à saint Ambroise. Les corps s’étaient miraculeusement conservés.

L’ actuelle Saints-Gervais-et-Protais a été construite au 15ème siècle.

Et saint Paul dit à saint Ambroise: Tu vois là deux jeunes gens (saints Gervais et Protais) qui, dédaignant tous les biens de la terre, ont fidèlement suivi mes leçons.
Légende dorée, Jacques de Voragine

Notes

*Cette rue reprend le tracé de l’ancien passage Saint-Pierre .Ce dernier remontait à 1797, date de la démolition de l’église Saint-Paul-des-Champs. Saint-Pierre et Saint-Paul se retrouvent ainsi associés comme il est d’usage courant. Saint Paul l’ermite, et non l’apôtre, semble pourtant être le véritable dédicataire de l’église

**Un monceau est une petite butte de galets, formée par la Seine et ses marécages. Ces derniers occupent essentiel de l’espace alentour

***Une maison professe, dans la Compagnie de Jésus, était une résidence qui dépendait exclusivement de la générosité de bienfaiteurs

****A Marseille, l’église de la Mission de France deviendra Temple de la Raison elle-aussi. En 1841, elle sera confiée aux jésuites

*****Saint Ambroise s’était adressé à Dieu, après sa 1ère vision. Il avait sollicité une seconde vision comme preuve de la réelle présence des dépouilles des deux frères


L’église de la Mission de France devinée plus qu’aperçue depuis ma fenêtre à Marseille. Comme Saint-Paul à Paris, elle a été brièvement Temple de la Raison.

A suivre, Saint-Jacques-la-Boucherie

Saint-Paul Saint-Gervais

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