Saint-Merri et Saint-Germain-l’Auxerrois : les 5 monceaux de la rive droite, fin

Ô bon fidèle serviteur, parce que tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup d’autres, entre dans la joie de ton Seigneur.
Matthieu 25, 23 cité par Hermenarius, évêque d’Autin, suite à l’élection de saint Méderic comme abbé de Saint-Martin d’Autun

Les monceaux* Saint-Merri et Saint-Germain-l’Auxerrois auraient accueilli les saints éponymes au début de la christianisation de la Gaule. Le légendaire, le spirituel et l’historique se mêlent, les récits sont puissants. Leur force et leurs complexités façonnent par les siècles, comme un argile souple aux formes éphémères, la foi des chrétiens.

Saint-Merri

Selon la tradition, Médéric, abbé de Saint-Martin d’Autun, vécut en ermite sur le monceau Saint-Merry ou Saint-Merri. Accompagné de son disciple saint Frou, il avait trouvé la tranquillité qu’il recherchait à proximité d’un oratoire placé sous la vocable de Saint-Pierre-des-Bois. Quand Médéric meurt en 700, on l’enterre sur place. L’oratoire devient chapelle et portera la mémoire du saint de Dieu.

Immédiatement, le tombeau fait l’objet d’une profonde vénération. En 884, les restes du saint sont mis en châsse et considérés comme des reliques. Médéric deviendra Saint Merri.

Peu après, lors du dernier siège de Paris par les normands, on consacre Médéric saint patron de la rive droite. La chapelle prend alors le nom de Saint-Merri. Plus tard, par deux fois, on bâtira sur le site une nouvelle église. Ces sanctuaires conserveront le vocable.

L’histoire du siège de Paris par les normands met les monceaux en part belle. Dans le récit dAbbon de Saint-Germain-des-Prés, les vertus du comte Eudes, futur roi robertien, sont célébrées, comme les miracles de saint Germain. Les poèmes du moine sont peu soucieux de vérité historique. Ils mettent en valeur la victoire des Parisiens sur le paganisme des Vikings et justifient à l’émergence des robertiens, ascendants des capétiens. Ces évènements conduiront à la séparation définitive de la Francie occidentale et de l’empire, en conséquence des fautes de l’empereur lui-même, Charles le gros.

Sainte Marie l’égyptienne

Trois scènes de la vie de sainte Marie l’Égyptienne, réalisées par Théodore Chassérieau en 1842 décorent l’actuelle église Saint-Merri. Dans la nef de Saint-Germain-l’Auxerrois, on retrouve la sainte, vénérée au travers d’une statue polychrome du 15ème siècle. Une copie de cette statue a pris place sous le porche de l’église**.

Un second caractère double affecte Saint-Germain-l’Auxerrois : la réalisation en son imitation de la mairie du 1er arrondissement de Paris. Le bâtiment civil, comme le sanctuaire, fait face au Louvre.

Théodore Ballu a dessiné les plans du beffroi de la mairie, réalisé en 1858 . L’architecte avait assuré la restauration de la tour Saint-Jacques qui l’a clairement inspiré.

Vous êtes la plus pure des vierges. Prenez pitié d’une malheureuse et faites pour mon salut, que je puisse adorer la croix de votre divin fils.
Sainte Marie l’égyptienne – La Légende dorée Jacques de Voragine

Saint-Germain-l’Auxerrois

Les deux églises Saint-Germain de Paris comme les deux saints Germain forment un quatuor aux voix mêlées. Saint Germain de Paris, né à Autun et thaumaturge, est remarqué par le roi Childebert qui le nomme évêque de Paris en 555. Il tente de changer les mauvaises mœurs de la cour et fonde l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, avec l’appui du suzerain.

On prête au roi Chilpéric Ier la décision de construire une première église sur le monceau de Saint-Germain-l’Aauxerrois à la fin du 6ème siècle, en souvenir d’un miracle réalisé sur le site par saint Germain d’Auxerre***. L’assassinat du roi impose une interruption des travaux. Il faudra attendre près d’un siècle pour que saint Landry, évêque de Paris, prenne l’initiative d’achever le sanctuaire. Chilpéric souhaitait y faire déposer le tombeau de saint Germain de Paris. Mais celui-ci restera à Saint-Germain-des-près, abbaye qui lui sera dédiée.

Le sanctuaire a pris une forme singulière après la construction de la rotonde ainsi que du cloître et des fossés en cercle. Parfois, il a été appelé Saint-Germain-le-Rond.

Les Vikings ont détruit la première église lors du siège de Paris vers la fin du 9ème siècle. On bâtit une nouvelle église au 11ème.  Une 3ème église la remplacera vers la fin du 13ème. C’est alors qu’apparaît la première appellation Saint-Germain-l’Auxerrois.

Saint-Germain-l’Auxerrois est l’une des quatre églises marquant les points cardinaux aux portes de Paris, avec Saint-Laurent, Sainte-Geneviève et Saint-Germain-des-Prés. Ces trois dernières relevaient d’abbayes****.

A la Saint-Barthélémy de 1572, le tocsin de Saint-Germain-l’Auxerrois a sonné. Il a participé au lancement du massacre des protestants.

Notes

*Un monceau est une petite butte de galets, formée par la Seine et ses marécages qui occupent essentiel de l’espace alentour

**Un tableau de Sainte Marie l’Egytpienne de Nicolas Loir, provenant du couvent des Carmélites de la rue Saint-Jacques à Paris, se trouve au musée des Beaux-Arts de Marseille

***Il est possible aussi que la chapelle ait été fondée en souvenir d’une rencontre entre sainte Geneviève et saint Germain, évêque d’Auxerre

****Voir le Gallia Christiana


L’ancien couvent des Bernardines à Marseille a accueilli le premier musée des beaux-arts de Marseille. Je vois sa coupole depuis ma fenêtre. Les collections du musée comprennent un tableau de Marie l’égyptienne par Nicolas Loir.

A suivre…

Églises points cardinaux


Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *