Le sombre ouragan qui mugit, le ruisseau qui gémit tout bas, la sombre et vaste mer et le soleil et la nuit, tout chante le Saint Nom de l’éternel…
Les Astres de Chopin joué par lui-même pour les obsèques d’Adolphe Nourrit

Une église des Mazenod
L’église Notre-Dame-du-Mont rejoint le vaste ensemble d’églises marseillaises construites ou reconstruites au 19ème siècle et consacrées par Messeigneurs Mazenod*, oncle ou neveu. Après la révolution, la ville de Marseille avait racheté à des particuliers un sanctuaire du 16ème siècle, alors rendu au culte. Il avait été cédé, auparavant, comme bien national. Puis le siècle le jugea trop petit. Il fallait accompagner le développement démographique de la ville.
Sur le site, une église dédiée à Saint-Étienne existait déjà au 6ème siècle. Les marins rescapés d’un naufrage venaient déposer des offrandes et des ex-voto devant l’autel Notre-Dame de la mer. Par la suite cette pratique migrera vers Notre-Dame de la Garde, après la construction du sanctuaire actuel, Notre-Dame-du-Mont.



De style néoclassique, façonnée par l’ombre et la lumière, l’église suit un plan irrégulier imposé par la forme de sa parcelle. Elle offre à la dévotion et à la visite une riche collection de tableaux transférés de l’ancien couvent des minimes détruit à la révolution. Sa démolition avait permis de prolonger l’actuelle rue des Trois-Frères-Barthélémy, alors en impasse. Le couvent avait été construit autour d’une église qui l’avait précédé, dédiée à Saint-Michel, et cédée aux minimes en 1575**.
Une nouvelle église consacrée à Saint-Michel-Archange, de style gothique, a été inaugurée en 1864 dans le quartier du Camas.
Un orgue et Frédéric Chopin
En 1839, Chopin, revenant de Majorque, a joué sur l’orgue Notre-Dame-du-Mont en souvenir du célèbre ténor Adolphe Nourrit. Le cortège triomphal qui ramenait les restes du chanteur de Naples ’à Paris avait faut escale à Marseille.

Devenu paranoïaque, le ténor s’était défenestré du troisième étage de l’hôtel Barbaja après une réception en son honneur. Pour cette raison, les autorités ecclésiales de Lyon lui refusèrent les honneurs funèbres. L’Église de Marseille aura montré une fois encore sa tolérance ou, pour certains, son manque de rigueur.
À la fin de la cérémonie, Chopin dit au curé que l’orgue ne valait rien. La commune d’Eyguières va le racheter puis rapidement s’en défaire. Pour remplacer l’instrument, on fait appel au facteur Ducroquet, successeur de Daublaine et Callinet. L’orgue, aujourd’hui classé; a permis à l’église Notre-Dame-du-Mont de développer une vocation musicale ancrée ainsi dans la mémoire d’un chanteur qui s’était suicidé.
Adolphe Nourrit avait crée les Huguenots de Meyerbeer, la Juive de Halevy ou Robert le Diable également de Meyerbeer. Il avait ainsi interprété un gentilhomme protestant tué à la Saint-Barthélémy, un israélite périssant sur le bûcher mais aussi Robert qui ne signera pas avec le diable le pacte attendu. L’homme finit toujours par être racheté.

Un intérieur en ombre et lumière
Au devant de la façade, la place Notre-Dame-du-Mont propose un large dégagement. Recouverte de cafés et restaurants, elle accueille la jeunesse de la ville. Comme l’église elle-même; centre de gravité de la pastorale des jeunes du diocèse de Marseille.
Des fenêtres hautes et le lanterneau qui couronne un dôme décentré, se font signes des dons divins qu’il nous est si difficile d’accepter. Les traces de clarté jouent un air discret de consolation et d’espérance dans une pénombre qui recouvre les âmes tourmentées par leur vie terrestre.
Sur la façade principale au-dessus de l’entrée se trouve un haut relief en céramique polychrome, exécuté à Toulouse et posé en 1898, représentant la Visitation.

Or, dès qu’Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein et Élisabeth fut remplie du Saint Esprit.
Luc 1,41
À l’intérieur du sanctuaire, une inscription en latin placée au-dessus de la grande porte rappelle que l’église a reçu en héritage des tableaux en provenance de l’ancien couvent des minimes.
La Vierge à l’Enfant entourée de Saint François-de-Paule et Saint François-de-Sales de Michel Serre, La Fuite en Égypte, l’Atelier de Nazareth, l’Adoration des bergers et le Mariage de la Vierge de Barthélemy Chasse ou Saint Loup venant demander la paix à Attila d’Auguste Hyacinthe Debay***.
Un tableau aussi du Sacré-Coeur de Jésus par Dominique Papety : le Christ pose la main sur son cœur.


Un serpent doré
Henri Pinta. a réalisé de belles fresques représentant Marie, Reine des Cieux. Il est l’auteur d’un célèbre portrait de Claude Debussy et a décoré plusieurs églises à Marseille comme Saint-Barnabé ou le Sacré-Coeur.
L’autel porte une grande crucifixion plantée sur un globe étincelant, ceinturé par un serpent doré. Nous sommes morts sur la terre avant la mort du Christ mais vivants après Sa mort et Sa Gloire.

Notes
*La population de Marseille double pendant l’épiscopat d’Eugène de Mazenod. Il crée 21 paroisses et fait construire 34 églises. Il était le neveu de Fortuné de Mazenod, évêque de la restauration
**La rue des Trois-Frères-Barthélémy présente un élargissement de forme carrée, vers son extrémité, qui marque l’emplacement de l’ancienne église des minimes. La pharmacie qui occupe l’un des angles s’appelle toujours Pharmacie de Minimes
***Auguste-Hyacinthe Debay, également sculpteur, a réalisé le fronton de Saint-Etienne-du-Mont à Paris, représentant la Résurrection du Christ. Le site de Notre-Dame-du-Mont accueillait une église dédiée elle-aussi à Saint-Etienne

De mes fenêtre, on aperçoit le petit dôme de pierre qui recouvre le clocher de l’église.
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A suivre…
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