Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur. Jésus étendit la main, le toucha, et dit : Je le veux, sois pur.
Matthieu 8 : 1-4
Lazare, un nom
Lazare, le nom, riche et circulant, déplace avec les siècles une histoire urbaine autant que religieuse. Elle court des évangiles jusqu’au 19ème siècle, ancrée dans les croyances populaires et les réflexions savantes. A Marseille plus particulièrement.
Fondé en 1663, le Lazaret d’Arenc ou de Saint-Martin d’Arenc, était, comme tout lazaret, dédié aux quarantaines. Il faisait la bordure* du quartier Saint-Lazare, voisin extra-muros du futur Belsunce. Plusieurs fois agrandi, il a couvert jusqu’à 34 hectares. et a fonctionné jusqu’en 1830. Il lui a fallu alors céder la place au port de la Joliette.
Le site allait plus tard accueillir l’église Saint-Lazare. Une léproserie aurait existé dans le secteur dés le 12ème siècle**.


Si Lazare de Béthanie, ami de Jésus et frère de Marie-Madeleine, est le fondateur légendaire du christianisme marseillais, un second Lazare, lépreux accueilli au ciel, se trouve au cœur d’une parabole composée par Jésus-Christ. Ce nom, Lazare, tissé avec Nazareth par homonymie, a conduit Lazaret à s’imposer pour désigner une léproserie. Le mot provient de l’italien lazzaretto, altération de Nazaretto, nom donné à l’hôpital de l’île de Santa Maria di Nazaret, proche de Venise.
En quarantaine
L’ordre de Saint-Lazare, créé en Terre Sainte, prenait en charge les lépreux. Des vocables proches de Lazare comme ladre ont pu désigner les malades. Le moyen âge a canonisé le Lazare lépreux, légendaire et populaire, dont la geste était rapportée dans les sermons, sur les fresques et les vitraux. Il devient naturellement le patron des lépreux.

Avec le changement d’époque, les lazarets comme ceux de Marseille, protègeront de la peste ou du choléra, plus que de la lèpre. A l’image de l’île vénitienne appelée aussi Lazzaretto Vecchio, ils sont restés lazarets. Ces établissements témoignent du difficile rapports à la maladie et à ses craintes, dans les villes ouvertes sur le monde.
Le lazaret d’Arenc*** pouvait accueillir 3000 personnes. Il a a succédé aux Vieilles Infirmeries créées après que des lazarets plus anciens, proches du fort Saint-Jean et de la Consigne se soient révélés trop petits.
La réalisation du fort Saint-Nicolas a nécessité la démolition des Vieilles Infirmeries.
Vers l’hôpital Caroline
Après avoir traversé par deux fois le Vieux-Port, le Lazaret de Marseille rejoindra finalement les îles du Frioul, avec la création de l’hôpital Caroline****. Michel-Robert Penchaud qui dessine aussi le Temple Grignan, le construit. Le dernier des lazarets de Marseille, avec les progrès de la médecine, verra son activité décliner dès sa mise en service. Il accueillera cependant des malades jusqu’en 1937. Détruit par des bombardements alliés en 1944, il sera restauré à partir des années 80.
La recherche e la plus stricte économie guide la réalisation des bâtiments, avec des éléments calibrés, produits en série.
Les malades sont cantonnés dans des quartiers distincts, coupés de l’extérieur par une enceinte. Une capitainerie bien positionnée permet surveillance et interventions. Au centre, la chapelle Saint-Etienne, visible depuis l’ensemble des pavillons, reprend la forme d’un temple grec, avec un chœur visible au travers des colonnes. Les malades pouvaient suivre les offices depuis les fenêtres des dortoirs.

V
Étienne, rempli de la grâce et de la puissance de Dieu, accomplissait parmi le peuple des prodiges et des signes éclatants.
Actes : 6,8

Notes
*Il allait de la porte d’Aix où se situait la grille, jusqu’à la mer
**A l’angle des actuelles rues Desaix et Camille Pelletan
***La référence à Saint-Martin d’Arenc et non à Arenc pour la désignation du lazaret ne semble pas trouver d’explication. L’actuelle église Saint-Martin d’Arenc ne se situe pas sur le site du lazaret. Par contre, la memoria de la rue Malaval, vestige paléochrétien, se trouve aux pieds de l’ancien lazaret Saint-Martin. Par dévotion pour les grands saints qui ont christianisé Marseille comme les campagnes de Gaule, j’ai baptisé Lazare et Martin les deux saints anonymes découverts dans la mémoria. Ce site se fait miroir de la nécropole Saint-Victor
****Du nom de Marie-Caroline de Bourbon,qui fut l’épouse du duc de Berry et mère du comte de Chambord, prétendant légitimiste au trône de France sous le nom de Henri V. La princesse avait été hébergée au lazaret d’Arenc
Q

De mes fenêtres, je peux identifier la chapelle, entre des pavillons restaurés.
A suivre…
C
Laisser un commentaire