Paladin des gestes divines, à notre âme éprise d’envol, interdis les laideurs mesquines, fais fleurir la foi sur notre sol.
Extrait du chant « Saint Georges des Scouts » écrit par le père Sevin

Le Saint-Georges, immeuble
Au sein d’un ensemble immobilier en démesure, le Saint-Georges, l’église éponyme s’affirme en opposition, comme un lieu d’équilibre. L’ensemble s’inscrit dans la continuité des Unités d’habitation du Corbusier. Il intégre dans un même bâtiment des logements, des commerces, une école, des équipements culturels et l’église, comme pour faire ville en vertical. Il a reçu en 2006 le label Patrimoine du XXe siècle.
L’idée de ville verticale promue par Le Corbusier peut paraître étrange 70 ans après qu’ait émergé cette utopie. Elle témoigne d’une simplification de l’idée de territoire urbain, espace qui se définit par une combinaison de fonctions, d’intérêts ou attentes des populations et usagers, ou de circulations, avec des périmètres variables qui forment des figures parfois en intersection. La vie des quartiers résiste à l’injonction de réduire et contraindre son espace vital à l’échelle d’un bâtiment, aussi vaste soit-il. Au risque d’une pensée carcérale.
Les fonctions de l’immeuble ont évolué. Jamais il n’avait pu répondre aux désirs de ses habitants de combiner plaisir de la promenade et approche fonctionnelle . L’Unité d’habitation, restreinte, ne peut faire la ville*. Celle-ci est espace de liberté.

Louis Cottin
A la fin des années 50, Louis Cottin, propriétaire de la société immobilière La Savoisienne et figure marseillaise d’un entrepreneuriat paternaliste, souhaite construire un projet remarquable. Il s’accorde avec l’évêché, propriétaire d’un terrain** sur lequel a été aménagée une petite église dédiée à Saint Georges. Le site comprenait aussi des locaux paroissiaux et une école, éléments repris dans le projet.
Le jeune architecte Claude Gros se voit proposer la conception de l’ensemble. Il vient de réaliser à Marseille le Parc Kalliste. L’immeuble est en surplomb de la Caserne Audéoud, ce qui a posé des problèmes pour l’obtention du permis de construire. Il comprend de trois entités :
- une nappe triangulaire de deux étages contenant l’essentiel des équipements, dont l’église
- une petite barre de 8 étages abritant des logements et un hôtel


- une grand barre incurvée de 20 étages en forme d’aile d’avion pour résister au vent. Elle accueille des logements et un restaurant zénithal qui sera transformé en bureau dans les années 70***
L’immeuble classé IGHZ (immeuble d’habitation de grande hauteur soumis aux règles de sécurité les plus strictes) a connu des retards d’entretien en raison des difficultés rencontrées dans la mise en conformité-incendie. Il revêt aujourd’hui un air fatigué, sous les ors de ses formes légères.

L’église Saint-Georges
Le sanctuaire a la forme d’un quadrant semi-circulaire. Il apparaît comme une extension basse de la grande barre en aile d’avion. Les rangées de bancs sont organisées en arcs de cercle convergeant vers l’autel. Une arche ouverte sur la rue, reprenant la forme de la nef, accueille des vitraux de Max Ingrand***. Le clocher détaché de l’immeuble et moins élevé que la grande barre, est un doigt vers le ciel qui souligne la vanité de l’homme qui a voulu ériger des immeubles à l’image de Babel.

En extérieur ,une croix surmonte la porte de l’église. Deux deux bas-reliefs encadrent la façade.
J’ai longtemps travaillé dans les derniers étages du Saint-Georges. Ressortir des photos des débuts du numérique aura été un plaisir. Elles donnent à voir la délicatesse de décors et mobiliers des décennies 60 et 70, et celle de leurs agencements. Un beau vitrail représentant saint Georges décore l’entrée des logements. J’ai aussi retrouvé dans les couloirs de mon bureau une ancienne carte postale du site et des documents de vente de l’immeuble.

Rue Clapier se trouve une secondé dédiée à saint Georges, consacrée au culte orthodoxe ****. Elle a pour clocher une ancienne cheminée.
Et le roi fit élever, en l’honneur de la sainte Vierge et de saint Georges, une immense église, de laquelle jaillit une source vive dont l’eau guérit toutes les maladies de langueur.
La légende dorée (après que saint Georges ait tué le dragon)

Notes
*L’ensemble se situe à 300 mètres de la plage des Catalans qui a accueilli au 18ème siècle le village des Catalans, sorte d’unité d’habitation horizontale. La Cathédrale du silence du cimetière Saint-Pierre fait à sa manière ville verticale pour des habitants dont les besoins terrestres sont limités
**Antérieurement occupé par une usine de peinture détruite en 1944
***Max Ingrand a réalisé des vitraux pour Saint-Victor
****Voir aussi l’article sur ‘église Saint-Georges de Haguenau, liée à mon histoire familiale

De ma fenêtre, je vois la partie nord de l’ensemble avec ses décolorations à dominante rouge.
A suivre…
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