Ils ne préféreront absolument rien au Christ, lequel daigne nous conduire tous ensemble à la vie éternelle !
Règle de Saint-Benoit, Ch. 72

Notre-Dame de Ganagobie
Des bénédictins à Marseille
La communauté bénédictine Sainte Marie-Madeleine de Marseille a été fondée en 1865, rue d’Aubagne. L’église conventuelle, Sainte Marie-Madeleine et futur théâtre Mazenod, reprend le style néo-gothique en vogue à l’époque. En 1880 après le départ des religieux, à la recherche de calme, elle devient la chapelle des pères de Timon-David.
La communauté bénédictine, expulsée par les lois de 1901, s’exile en Italie puis revient en France en 1922 et s’installe à l’abbaye d’Hautecombe en Savoie. En 1992, repoussée par le tourisme, elle rejoint l’abbaye de Ganagobie* dans les Alpes-de-Haute-Provence. Les bénédictins conservent la dénomination Sainte Marie-Madeleine de Marseille.

Un contexte urbain étrange
L’église de la rue d’Aubagne, longtemps propriété du diocèse de Marseille, est enserrée dans une trame urbaine dense , en retrait de la rue et sans mitoyenneté. Elle se situe à proximité du cours Lieutaud, en contrebas, et des ponts piéton et automobile qui franchissent cette voie très circulante. La percée du cours en 1864 avec rabotage de la colline qui descend du cours Julien vers la rue de Rome, a crée un étrange contexte urbain, confus a 1er abord. Deux passerelles automobile et piéton, un escalier prolongé vers le cours Julien, un axe automobile large et très circulant, les rues d’Aubagne et Estelle** en pente, presque à angle droit , une placette et la rue Fongate, juste en-dessous : le clocher de l’ancienne église parait comme le rivet qui tient cet ensemble.
Sur le cours Lieutaud, sous la passerelle piéton, un couloir conduit vers la station de métro notre-Dame-du-Mont. Un escalier roulant vertigineux permet de rejoindre le cours Julien, traçant un double incliné de la flèche de l’ancienne église.




L’église devient théâtre, et après ?
En 1935, désacralisée, l’église est réorganisée par étages : une salle de cinéma, le théâtre Mazenod au-dessus et dans la partie supérieure, le culte des Arméniens catholiques***, bientôt remplacé par un théâtre de mimes, appelé La Nef.
Ces derrières années, seul le théâtre poursuivait son activité, avant d’être emporté par la crise du COVID.
Le théâtre a vu se produire de grands acteurs et chanteurs du 20ème siècle comme des troupes renommées****. Il a été rénové récemment. Dans son décor rouge, il peut accueillir 300 personnes. En 2022, la ville de Marseille a racheté le bâtiment pour un projet qui reste à définir.
Une maison voisine porte les marques néogothiques de l’ensemble monacal.
Notes


*Monastère fondé vers 960, propriété de la communauté bénédictine depuis 1891
**Jean-Baptiste Estelle, échevin de Marseille pendant la grande peste de 1720 partage la responsabilité de cette épidémie. Le Grand Saint-Antoine, navire venant d’Orient transportait des étoffes qui lui appartenaient. Comme l’échevin voulait disposer rapidement de ses biens afin de les vendre à la foire de Beaucaire, il a obtenu des dérogations aux règles de quarantaine. Par la suite, il s’est montré courageux et à la hauteur de sa tâche d’échevin . Ainsi, le nœud urbain renvoie vers deux drames marseillais, la peste de 1720 et l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne en 2018
***l’Église arménienne catholique de Marseille occupe l’ancienne chapelle des Sœurs de l’Observance, rue Sibié. La façade du bâtiment orientée vers la place Jean-Jaurès (la Plaine) accueille le monument à Louis Capazza et Alphonse Fondere réalisé par Louis Botinelly et Gaston Castel.. Partis de la Plaine, ils ont réalisé la première traversée de la méditerranée en ballon. Dans la partie est du couvent se trouve la Poste de la Plaine. Sa façade accueille une Vierge. Saint Grégoire l’Illuminateur, dédicataire de l’église arménienne, a christianisé l »Arménie


– Qu’est-ce qu’il y a ?
Ce sont deux amis venus de France en ballon: ils sont tombés à l’Alzelli.
Accueil de Capazza et Fondere par des bergers après leur traversée vers la Corse (récit de Fondère)
****Fernandel, Yves Montand, Jacques Brel, Raimu, Georges Guétary… le Rideau Gris, la Cie des Quatre Vents, Les Comédiens de Thepsis…
C


De mes fenêtres, je vois la flèche de l’église des bénédictins, à la droite du dôme de la chapelle-théatre des Bernardines. Une anecdote dérisoire relie mon appartement au théâtre Mazenod. Lorsque je l’ai acheté, le beau-père de l’agent immobilier qui me l’a proposé, dirigeait la Pastorale Maurel qui s’est produite pendant des années au théâtre de la rue d’Aubagne. Mes voisins, longtemps membres de la Pastorale, affichaient dans l’immeuble les annonces de la représentation.
Une pastorale est une pièce de la Nativité parlée et chantée en provençal et présentée au moment de Noël. La pastorale Maurel, créée en 1844, est l’une des plus renommées.
A suivre…
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