Le Temple Grignan de Marseille

Soli deo gloria* (SDG).

Signature apposée sur les partitions de Jean-Sébastion Bach

Le protestantisme à Marseille

L’église réformée de Marseille est officiellement dressée en 1559, avec la nomination du pasteur Nicolas Folio. Sa présence est avérée depuis 1538**. Dans un premier temps, le culte se pratique à domicile. Après l’édit de Nantes, il restera interdit à Marseille.

En 1545 les persécutions des vaudois du Lubéron qui avaient rejoint la réforme, renforceront le protestantisme Marseillais. On envoie aux galères de la ville les survivants des massacres. Puis, pendant 2 siècles, théologiens, prédicateurs réformés et camisards de toute la France sont conduit dans le port de la ville. Ils constituent la petite république chrétienne des forçats et feront de Marseille la ville française qui compte le plus de pasteurs. Le dernier galérien de cette Eglise flottante et enchaînée retrouvera sa liberté en 1775. Les communautés commerçantes et protestantes venant de Suisse, d’Angleterre et de Hollande, actives à Marseille, ont toujours veillé à leur porter secours.

En 1616 Jean Conrad Zollicoffer, négociant suisse offre un terrain pour la construction d’un Temple***. Ce Temple devient église catholique avant la fin du siècle.

En 1792, le culte protestant sera brièvement établi dans l’ancienne église de la Mission de France avant que la Terreur n’emporte tout en 1794.

En 1801, le Concordat reconnait tous les cultes. La communauté choisit Gaspard Mouchon, un Genevois, comme pasteur et le consistoire loue une ancienne académie de musique, 10 rue Venture en étage.

Le Temple Grignan

En 1819, le pasteur Louis Marion et le consistoire décident de construire le Temple Grignan dans une aile de l’ancien hôtel du comte de Grignan***, gendre de la marquise de Sévigné. Les plans suivent les indications de l’architecte Michel-Robert Penchaud, qui a également réalisé l’hôpital Caroline. Le culte d’inauguration se tient en 1825. Le Temple constituera le premier édifice religieux non-catholique bâti à Marseille. La presse de l’époque a nommé la rue Grignan, rue de la Tolérance. Elle accueille alors l’église catholique Saint-Charles, le temple protestant et la grande synagogue de Marseille.

Un édifice de lumière

Un portique à quatre colonnes doriques surmonté d’un fronton sans ornementation s’ouvre sur la rue. Une frise à l’antique couronne la façade. À droite du portique, une croix huguenote en fer forgé, suspendue, affirme la foi de la communauté. Une inscription rappelle que le Temple Grignan est dédié au Christ rédempteur.

L’intérieur fermé par une abside suit un plan basilical. Sur les côtés, douze colonnes doriques guident le regard vers la lumière naturelle, délivrée par des fenêtres zénithales. Elles évoquent les 12 tribus d’Israël et rappellent que l’Église est apostolique. L’éclairage naturel met en valeur la communauté en prière****.

L’orgue magistral et moderne rappelle que l’art protestant se veut avant tout musical. Une croix lumineuse et monumentale repose sur le sol.

Ainsi parle l’Eternel, ton rédempteur, le Saint d’Israël: Moi, l’Eternel, ton Dieu, je t’instruis pour ton bien, Je te conduis dans la voie que tu dois suivre.

Ésaïe 48,17

Notes

*Trois mots qui inspirent l’architecture du temple Grignan comme ils résument la foi protestante (pasteur Frédéric Keller)

**Le nom d’un pasteur, Jehan Regali, est avéré dés 1538

***Je n’ai pas trouvé d’information sur la localisation de ce premier Temple. Je me plais à imaginer qu’il s’agit de l’ancienne église Saint-Ferréol qui se situait à l’angle de la rue Grignan et de la rue Saint-Ferréol

****En 1685, dans le Lubéron, les dragons d’un comte de Grignan qui n’est pas un ascendant direct du gendre de la marquise de Sévigné, ont massacré et déporté les vaudois

*****En protestantisme il n’y a pas de spatialisation du sacré. L’architecture protestante est au service d’une conviction théologique : Dieu se rencontre dans l’intériorité de la personne. La foi est relation avant d’être observance ou pratique. Le dépouillement du Temple interdit de s’arrêter aux apparences des choses pour valoriser la réception d’une parole lue et prêchée. Frédéric Keller pasteur


Le Temple Grignan

Le Temple Grigan reste caché depuis mes fenêtres. Sur Googlemaps on aperçoit les fenêtres zénithales.

A suivre…


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