Église de la Mission de France

Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être aux choses de mon Père ?
Luc 2, 49

Une église, un destin

Accompagnant le développement de la ville sous Louis XIV, les prêtres de la Mission* de France s’établissent dans le futur quartier Belsunce, rue Saint-Louis et future rue du Tapis-Vert. Ils quittent une première fondation vers l’arsenal des galères. À la révolution, les bâtiments sont vendus à l’exception de l’église que louent les protestants, libres d’exercer leur culte depuis 1787. Ils en feront le premier Temple officiel de Marseille. Après la révolution, elle deviendra un Temple de la Raison**.

Contrer le catholicisme déjà mis à l’index depuis 1792 autant que les idées athées demandait la création d’une nouvelle religion. Elle devait rassembler la nation et ne pouvait se passer d’une reconsécration des églises.

En 1839, Eugène de Mazenod fait revenir les jésuites à Marseille et leur confie l’église de la Mission de France qui avait été occupée par des Clarisses de 1806 à 1833. Le jésuites entreprennent une reconstruction du sanctuaire. Ils font appel à des entreprises qui recourent aux dernières techniques. Ils déplacent l’entrée rue du Tapis-Vert. L’entrepreneur Désiré Michel réalise une façade très originale en ciment naturel prompt.

Un nouveau maître-autel est consacré en 1864. En 1865, le facteur Puget de Toulouse installe un orgue avec un buffet dessiné par l’architecte marseillais Henry Condamin, constructeur de plusieurs immeubles du centre ville.

Dans une cour à l’arrière ouverte sur la rue Thubaneau, parallèle à la rue du Tapis-Ver on aperçoit une réplique de la façade, réduite, à l’opposé de l’entrée.

Après l’expulsion de France des jésuites en 1901, le sanctuaire reste fermé au culte. Il deviendra salle de concert, école de maçonnerie puis entrepôt municipal. En 1984, Gaston Deferre, maire socialiste d’origine protestante confie l’église de la Mission de France à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X***.

Les lois de séparation

Confronté à la loi de séparation des Église et de l’état de 1905, le pape Pie X s’était montré intransigeant. Contre l’avis des évêques de France, il avait interdit toute collaboration avec le gouvernement. De fortes tensions suivront, accompagnées d’émeutes populaires. Elles conduiront à un compromis transcrit dans une nouvelle loi en1907. Depuis, les lieux de culte appartiennent aux communes mais sont réservés au culte de manière inaliénable, sauf désaffection de six mois. Les communes ont la charge de l’entretien des églises,. Cette situation, économiquement avantageuse pour l’Eglise, concerne principalement les cultes catholiques, dont les curés sont affectataires perpétuels. Les protestants ayant accepté la création des associations cultuelles prévues par la loi de 1905, sont devenus propriétaires des temples****.

C’est parce qu’elle avait été désaffectée que l’église de la mission de France a pu être légalement confiée à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X .

Un intérieur signifiant

La nef classique d’une grande sobriété démontre la puissance de ce style, portée par ses formes et ses dessins droits, à distance des couleurs, dorures et courbes baroques. L’histoire de l’église au 19ème siècle l’avait vidée de son mobilier comme de toutes statues ou tableaux. Un autel de l’ancienne église Saint-Martin, rasée lors du percement de la rue Colbert, a rejoint une chapelle latérale en 1864.

Après la cession à la ville de Marseille du couvent des Victimes du Sacré Cœur de Jésus, la chaire en sapin de la chapelle conventuelle trouve refuge dans l’église de la Mission de France. Un tableau représentant le baptême du Christ rejoint le sanctuaire la même année, en 2020. Des statues modernes et un peu naïves apportent un cachet de ferveur populaire à ce lieu de prière.

L’orgue Puget a quitté d’église en 1933 pour la chapelle du grand séminaire.

Plusieurs orgues se succèderont dans le sanctuaire, dont celui du théâtre le Rialto, avant l’acquisition en 2006 d’un instrument allemand d’esthétique baroque. Il trouve place dans son buffet d’Yves Cabourdin, facteur d’orgue à Carcès.

nous ne voulons pas choisir nos voies, mais marcher par celles qu’il plaira à Dieu de nous prescrire.

Saint Vincent de Paul

Notes

*Saint Vincent de Paul a fondé la congrégation des prêtres de la Mission de France au 17ème siècle. Cette congrégation s’appelle aujourd’hui prêtres de la Mission ou Lazaristes.

**A Paris, Saint-Paul alors appelée Saint-Louis, église jésuite, jouera le rôle de Temple de la Raison

***Société de prêtres traditionalistes, souvent considérés comme intégristes, sans statut canonique au sein de l’Église catholique

****Marseille a poursuivi son développement après 1907. 38% des églises de de la ville, construites après cette date, sont en conséquence à la charge du diocèse


De ma fenêtre, j’aperçois la partie supérieure de la façade de l’église Mission de France, en travers d’un garde-corps.

A suivre…


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