L’église et le collège Saint-Jaume

Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi, et des héritiers du Royaume.
Jacques 2, 5

Une histoire et des inconnues

La rue Saint-Jaume (Saint-Jacques en provençal) comme la rue Saint Victoret, rejoignait la Grand-rue avant d’être transformée en impasse par la création de la rue de la République. En fond de rues, on bute sur les immeubles du 19ème siècle, desservis depuis la nouvelle avenue. Ils dominent des bâtiments plus anciens.

La rue Saint-Jaume accueillait l »église éponyme, dite de la cuiraterie.. La date de sa fondation est inconnue. On sait que l’église existait du temps du roi René, mort en 1480. Le souverain avait privé l’église Saint-Martin de l’exercice du sacrément de baptême parce que son curé avait baptisé un enfant juif sans le consentement de ses parents**. Le roi fit transporter les fonts baptismaux de Saint-Martin à Saint-Jaume. Plus tard, en 1504, un acte positionnera Saint-Jacques comme une annexe de Saint-Martin.

En 1623 la rectorie de Saint-Jaume qui comprend une église délabrée et une petite maison, cédée aux Jésuites, déjà présents à Marseille. Une nouvelle chapelle s’écroule sitôt achevée ,en 1639. Sur l’emplacement de l’ancienne église et d’une propriété voisine, les jésuites construisirent alors une église plus vaste, la chapelle et la résidence. Une activité d’enseignement y prend place au cours du 17ème siècle. Elle préfigure le collège Saint-Jaume, destiné aux élèves défavorisés, fondé par Monseigneur Belsunce en 1727. On y étudie l’hydrographie, la théologie et la philosophie.

Après l’expulsion des Jésuites en 1768, les Oratoriens se voient confier le collège***.

Saint Jacques, pèlerin

Marseille se révèlera territoire des migrations pour le pèlerin saint Jacques . Au 19ème siècle, un collège Saint-Jacques s’établira sur le site actuel de l’escalier de la gare Saint-Charles****. En 1904, les aménagements de la gare appelleront sa démolition. En 1930, le collège rejoindra la rue Fauchier, à proximité de la future Maison Montolieu, nouveau site des Jésuites. L’établissement changera de nom pour s’appeler collège Belsunce.

La longue rue Saint-Jacques avec la rue Bel Air qui la prolonge, mesure près de 800 m. Pour la rejoindre depuis la courte rue Saint-Jaume il faut traverser le Vieux-Port et marcher vers le quartier penché, bien maillé, développé vers le sud par le dynamique 19ème siècle. Il est centré sur la rue Paradis. La rue Saint-Jacques-Bel Air forme un V aux barres irrégulières, dont le carrefour avec la rue de Rome constitue le point bas. Sur ces rues, on trouve 4 statues d’angles de la Vierge Marie mais aucune représentation de saint Jacques. Le saint patron des pèlerins marche vers Compostelle alors que la Bonne Mère qui veille depuis Notre-Dame de la Garde sur les marseillais déploie ses bienfaits aux coins de rues. Le Garlaban semble volontairement placé dans l’axe de la rue.

Saint-Jacques à Marseille, aujourd’hui

Saint Jacques est cependant représenté et honoré à Marseille. L’église Saint-Christophe des Accates accueille un tableau classé représentant l’Immaculé Conception entre saint Christophe, patron des voyageurs, et saint Jacques. Les deux saints et martyrs sont fêtés le 25 juillet.

En 1736, les habitants des Accates, village marseillais situé à 10 km du centre de la ville, avaient demandé à Monseigneur Belsunce l’édification d’une église dans leur village. Après avoir visité les lieux, l’évêque donna rapidement son accord. Messieurs de Foresta-Collongue et de Saint-Jacques, propriétaires aux Accates, offrirent les terrains et prirent en charge les frais de construction.

L’église arménienne orthodoxe de la Cabucelle, créée après l’arrivée des réfugiés de Turquie, est dédiée à saint Jacques. Une école d’infirmière établie dans le quartier des Flamants pour son nom. L’accueil des pèlerins de Compostelle, rue du Refuge, au Panier.

Dieu sait qui est bon pèlerin.

Proverbe français

L’ancien accueil des pèlerins de Compostelle, rue du Refuge, au Panier –

Eglise Saint-Georges de Haguenau

Notes

*En référence au travail du cuir qui profitait de la présence de sources et de ruisseaux dans le quartier

**La rivalité entre Jésuites et oratoriens pour l’enseignement et la direction des collèges est forte en France, dès le 17ème siècle. Monseigneur de Belsunce, ultramontain, avait favorisé les jésuites avant l’expulsion de France de la compagnie . La responsabilité du rectorat Saint-Ferréol-Saint-Cannat passe des Oratoriens aux Jésuites en 2017

***Saint-Martin se trouvait à proximité de juiverie de la ville basse

****Ce qui rapproche singulièrement l’objet de ce travail de ma fenêtre

*****Des sondages de l’INRAP ont repéré la présence d’un pilier de Saint-Jaume au bas de la rue de la République.


L’emplacement de Saint-Jaume vu de mes fenêtres.

A suivre…


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