Saint-Jacques-la-Boucherie : les 5 monceaux de la rive droite, suite 2

Prenez patience, vous aussi, et tenez ferme car la venue du Seigneur est proche.
5ème lettre de saint Jacques

De Paris à Marseille par la Via Agrippa

Les romains ont bâti Lutèce au 1er siècle avant Jésus-Christ. La ville s’organise suivant un plan quadrillé. Une de ses voies principales, le cardo maximus, partait du point zéro de la cité, à l’époque situé rive gauche, rue Saint-Jacques*. Le cardo maximus descendait vers la Seine puis traversait ses deux bras avant de rejoindre le monceau Saint-Jacques au sud, en bordure d’une via transerva. Cette voie suivait le tracé des actuelles rues François Miron et Saint-Antoine, en bordure des monceaux*

Saint-Gervais et Saint-Paul. Elle reliait la capitale à Melun puis au réseau Agrippa qui maillait la Gaule de grands axes.

D’après Strabon, Agrippa avait fait de Lyon, alors Lugdunum, le point de départ des 4 grands chemins de la Gaule, notamment celui qui rejoignait la côte à Marseille et celui qui reliait Lyon à la Manche. C’est ce dernier que croisait la via transversa.

Ainsi, en sortant de Paris pour rejoindre Lyon, Marseille ou l’Italie, on traversait le marécage en longeant trois des cinq Monceaux de la rive droite. Paris a été conçue pour qu’il en soit ainsi.

Saint-Jacques-la-Boucherie

De Saint-Jacques-la-Boucherie ne subsiste que la tour, ancien clocher, sur le square de la Tour Saint-Jacques.

Le sanctuaire abritait une relique de saint Jacques. Les vertus du saint avaient ainsi rallié la ville pour le salut des âmes visiteuses. Il en devint lieu pèlerinage assidu, plus qu’étape sur la route de Compostelle. Les habitants du quartier s’y rendaient pour le culte des jours. D’après la Chronique du Pseudo-Turpin Charlemagne a crée l’église.

Le clocher-tour a été construit entre 1509 et 1523 par un trio d’architectes et maîtres-maçons : Jean de Felin, Julien Ménart et Jean de Revier. Il mesure 54 mètres à la balustrade. Fidèle pour l’essentiel au gothique flamboyant, la tour reprend quelques innovations introduites par le style Louis XII : plein cintre, arcs en cloche, en accolade ou contre-courbes brisées.

L’architecture a ses styles et certains sont passeurs, styles de transitions. Sous Louis XII, la construction en France connaitra un passage rapide entre deux époques glorieuses, la période gothique et la Renaissance. Pour l’essentiel la structure de la tout reste française alors que le décor trouve un penchant italien.

Dans leur ensemble, les églises parisiennes de l’époque témoignent d’une réticence à s’approprier les styles nouveaux.

La tour a été restaurée lors du percement de la rue de Rivoli***. Ainsi, alors que la percement de la rue Impériale à Marseille a achevé la disparition des vestige d’une église Saint-Jacques, celui de la rue de Rivoli a préservé le bâtiment-relique éponyme.

En 1965, une plaque offerte par l’Espagne à la ville de Paris est scellée sur la tour. Elle la reconnait comme un des points de départ des pèlerins vers Compostelle.

Aussitôt sortis de la synagogue, ils allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André.

Marc 1,29

Notes

*La rue Saint-Jacques accueille l’église Saint-Jacques-le-Haut

**Un monceau est une petite butte de galets, formée par la Seine et ses marécages qui occupent essentiel de l’espace alentour

*** « Quant à la Tour Saint-Jacques-la-Boucherie, plantée sur le point culminant de la butte, il était indispensable de la reprendre en sous-œuvre… » Baron Haussmann, préfet de Paris


Depuis mes fenêtres à Marseille, j’aperçois l’emplacement de l’ancienne église Saint-Jaume ou Saint-Jacques de Marseille. La rue Saint-Jacques devenue impasse, est marquée par une plaque gravée dans la pierre. Elle reste visible après la pause récente d’enduits.

A suivre, Saint-Merry et Saint-Germain-l’Auxerrois


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