Comme je voudrais me voir mourir, pour bien accepter la décision de Dieu …
Saint Eugene de Mazenod

Saint-Eugène, église modeste et pimpante
Église modeste et pimpante, Saint-Eugène se dévoile en hauteur, sur le côté droit du vallon des Auffes. Elle fait comme un pendant élancé aux tours massives de la Grande Corniche*. Ces excroissances constituent une belle illustrations de la capacité de Marseille à transformer son site, comme pour fuir les souvenirs carte-postale. Monseigneur Eugène de Mazenod**, alors évêque de Marseille, a fait construire ce sanctuaire en 1842.
Saint-Eugène est l’église paroissiale d’Endoume, quartier installé sur une colline étirée vers l’est, passant par l’œuvre de jeunesse Timon-David, et ancrée à l’ouest, dans la corniche Kennedy.


Le boulevard Tolstoi, courte rue d’environ 50 mètres, conduit au sanctuaire depuis la rue d’Endoume qui, elle, mesure 2100 mètres et suit les courbes de la colline. Sur la gauche de l’église, des ruelles et escaliers descendent vers la corniche et le Vallon des Auffes.
L’église est pimpante. Les couleurs chaudes des vitraux, des murs et du buffet d’orgue reprennent une palette provençale.
Léon Tolstoï à Marseille
A quelques mètres sur une façade du boulevard Tolstoï, une plaque commémore la visite d’écoles marseillaises, laïques comme confessionnelles, par l’écrivain russe*** en 1861.
Il étudiait les nouvelles idées pédagogiques mises en œuvre en Europe. Lors de sa visite à Marseille, les établissements scolaires qu’il a visité lui ont semblé médiocres. S’il admirait la scolarisation massive, il doutait des méthodes pédagogiques, notamment de l’apprentissage par cœur.
Il remarque par contre l’intelligence et l’instruction des marseillais, qu’il associe à une éducation qui s’effectue dans l’espace public.
34 églises
1861 est également l’année de la mort d’Eugène de Mazenod. Son épiscopat a duré 34 ans et connu un doublement de la population marseillaise. Le bouillant évêque a fait construire 34 églises et créé 21 paroisses. Avec le souci majeur de s’adapter à la situation réelle des gens, dont la vie chrétienne avait été perturbée par la révolution.
Mazenod n’a pas craint les innovations comme les visites à domicile ou l’utilisation du provençal. Il a crée les Missionnaires de Provence qui ont participé à plus de quarante missions paroissiales, prêché la foi chrétienne et favorisé un retour à la pratique religieuse.

Après avoir envoyé des missionnaires auprès de l’évêque d’Autun qui en avait la garde, Mazenod a pu ramener le bras de Lazare exposé à Saint-Victor, au pied de la colline d’Endoume.






La simple parole de Dieu dénuée de tout ornement, mise autant que nous l’avons pu à la portée des plus simples.
Saint Eugène de Mazenod

Notes
*Réalisées par Louis Olmeta
**Eugène de Deuil-la-Barre ou Eugène Ier de Tolède, mort en martyr près de Paris, est le premier d’une longue liste de saints qui portent ce nom. Le dernier dans la chronologie est Eugène de Mazenod, canonisé en 1995
***L’Eglise orthodoxe russe a excommunié Léon Tolstoï en 1901, considérant comme hérétique son rejet de l’autorité de l’Eglise au bénéfice d’une réforme personnelle par l’introspection. L’écrivain était convaincu que la conscience des humains est guidée par la lumière divine révélée en Jésus. Il reprochait aux Églises nationales d’œuvrer au renforcement de leur pouvoir et de celui des régimes en place. Quels échanges aurait-il pu avoir avec une personnalité comme celle d’Eugène de Mazenod, évêque ultramontain dont se méfiaient les gouvernement sous Louis-Philippe ?

Je ne vois pas Saint-Eugène depuis mes fenêtres, masquée par une des tours Labourdette. On peut voir son clocher depuis de nombreux endroits à Marseille, comme les Terrasses du port.
A suivre…
Laisser un commentaire